CAP SUR LE COURT 2024 : LE PLAISIR DU CINÉMA
Le festival annuel Cap sur le Court s’est déroulé au cinéma Le Cap de Voreppe ce samedi 23 novembre, dans une belle salle d’une capacité de plus de 150 places.
La sélection, qu’il a fallu établir à partir d’une réception de 70 films, présentait onze fictions et un reportage.
Deux adolescentes d’Eduk’Image, Milla et Anna, ont présenté avec entrain les différents acteurs du festival, et animé le dialogue entre le public et les réalisateurs présents sur scène.
Les courts métrages en compétition étaient évalués par un jury « jeunes », constitué de cinq adolescents de la MJC de Rives et d’une adulte animatrice, et par un jury « adulte composé de trois membres présidés par Sylvie Zaffran, ancienne comédienne et agent artistique.
À gauche, Réunion du Jury adultes avant les projections
Milla et Anna, nos deux animatrices du festival
Robin Viale et les adolescents réalisateurs d’Eduk’image
Le Jury « jeunes » composé de 5 adolescents et d’une animatrice
Le Jury « adultes » présidé par Sylvie Zaffran
Trois films des jeunes réalisateurs d’Eduk’image ont été projetés en ouverture, ainsi que le film de Florian Vignal, « Délestage », tourné en 1991 et monté en 2024.
Le festival est aussi un lieu de rencontres. Lors du dialogue entre les réalisateurs et le public pendant la délibération des jurys, bien sûr, mais aussi lors du pot offert par les organisateurs dans la salle Armand Pugnot, située à proximité.
Les rencontres dans la salle Armand Pugnot. Bernard Ferrand, Jean-Luc Verjat, Éric Chamboredon et Ève Hivernat-Amaraggi
UNE SÉLECTION ÉPATANTE
Les fictions étaient à l’honneur, mis à part le documentaire de Joël Sentenac. À noter qu’il n’a pas dû être facile aux deux jurys d’établir un palmarès, tant l’inventivité, l’originalité du scénario, la mise en scène, la qualité du cadrage et de l’étalonnage, ainsi que le jeu des acteurs étaient à relever.
6 réalisateurs se sont déplacés pour présenter leur film.
Cric ou crac
Nous avons déjà vu ce film de Thierry Knoll, de Mulhouse, au national de Soulac. Unité de lieu, mise en scène intelligente et jeu d’acteur convainquant. Ce film a été tourné en un week-end dans un centre de formation. Il a cependant fallu aménager une pièce en chambre d’hôtel, pour le décor.
La bergère du Médoc
Nous verrons certainement ce reportage du Joël Sentenac au prochain régional.
Ève Hivernat-Amaraggi, réalisatrice, danseuse de comédienne
Caleçon rose
Une vraie claque, tant au niveau de la bande-son, que des cadrages, des décors, du jeu des acteurs et du choix du traitement de l’histoire. Eve Hivernat-Amaraggi, danseuse, actrice de théâtre dans la compagnie « Les gaillardes », a écrit et réalisé ce premier court-métrage muet et chorégraphique qui met en scène un jeune faussement accusé, aidé par une avocate surchargée de dossiers qui va vainement essayer de le défendre. L’intention d’Eve était originale : comment montrer les émotions au-delà des mots, alors que le tribunal est justement un lieu très verbeux ? Ainsi, La relation corps / image / musique est primordiale dans le film. La chorégraphie s’est donc appuyée sur la musique préalablement composée pour le film. Aucune prise de son n’a été faite pendant le tournage ; toute l’ambiance sonore a été ajoutée au montage.
À l’amour !
L’unité de lieu est ici le salon cuisine d’une péniche. Un couple qui se dispute violemment trouve à leur domicile un homme qui s’est installé et se prépare un plat à la cuisine. Ange ou fou, cet intrus va les aider à se parler, s’écouter, se pardonner, avant de se faire arrêter par la police. La mise en scène de ce trio est intéressante. Par contre, l’épilogue m’a semblé de trop. Dommage.
https://www.youtube.com/watch?v=RglmuZUdr9Y&list=PLu1JuSNmICj-mQfSKLSjYaB93JRbBG8Ds&index=6
Elle vole
Sandra Piquemal, comédienne, a réalisé ce premier film pour concourir au festival « Ça tourne en Ile De France » , qui avait cette année pour thème « le sport et le handicap ». L’actrice qui a le rôle principal, Alex, une jeune cavalière, est véritablement aveugle. Ce film a été tourné en une semaine dans un haras prêté pour l’occasion. La thématique dépasse le cadre du handicap et aborde également le harcèlement dans le milieu du sport. Le scénario, assez travaillé, nous offre une vraie fin en cut… ce qui n’était pas le cas du film précédent.
Sandra Piquemal, réalisatrice et comédienne
Debrief de la nuit
Freddy Krueger chez une psychanalyste, il fallait oser. De bons cadrages et une lumière travaillée en intérieur, mais le film souffre de quelques longueurs. La scène finale au parc est ainsi un peu trop longue et convenue. Dommage.
https://www.youtube.com/watch?v=bTIC860u36A&list=PLM363yujMstj11RQRwQe8Xy6qihUUz2DL
À droite, le producteur sonore du film 59 degrés
59 degrés
Matias de sa Moreira, comédien et réalisateur, a été finaliste avec ce film au concours « Imagine TF1 » 2024. Le producteur sonore était présent et nous a expliqué l’importance du mixage son, des bruitages, du son design avec des ajouts de couches d’ambiance. L’unité de lieu de ce film d’anticipation dans un parking souterrain est une belle trouvaille. La présentation d’une place de parking par un agent immobilier a des clients potentiels flirte entre les tonalités dramatique et comique, tant cette scène nous semble incongrue. La sortie de ces mêmes clients dans un extérieur blanc et surchauffé, ajouté aux extraits sonores des bulletins météo nous fait basculer dans la réalité d’un avenir inquiétant.
https://www.tf1.fr/tf1/concours-imagine/videos/59-degres-59014386.html
Olympic trash
Ce film d’expression libre de deux minutes réalisé pendant les JO de Paris 2024, est une critique de notre société de surconsommation en lien avec le sport. Des balles de foot, rugby, tennis, ping-pong, golf… parcourent les divers déchets d’une décharge d’ordures sous les commentaires en off de journalistes sportifs. C’est court et percutant.
À gauche, Romain duguey, réalisateur et comédien
Fougère suspecte
Romain Guguey, le réalisateur, est aussi comédien dans la compagnie Laigaulmonts. Ce film est parti d’un « 48h » raté dont un élément du décor était une fougère. Romain en a fait un court-métrage centré sur cette même fougère dans le style des films noirs des années 50 et du cinéma absurde américain. C’est délicieusement déjanté. Jeu d’acteurs, cadrages, lumière et dialogues sont maîtrisés. Pour les décors, le bar et le studio ont été aménagés. Ce film a nécessité trois jours de tournage avec une Alexa louée exceptionnellement à prix réduit.
RH
Un court-métrage minimaliste. Le duo d’acteurs dans le bureau du RH est fondé sur un quiproquo. L’ensemble fonctionne grâce au jeu des acteurs et au soin apporté aux dialogues.
Fortissimo
Victor Cesca nous offre un film joyeusement déjanté et parfaitement maîtrisé. L’alliance des contraires (musique classique, piano à queue, église ≠ joutes entre les deux pianistes virant au comique absurde) en fait un pastiche réjouissant. La caméra, tout d’abord sage et mesurée, virevolte ensuite sur des plans de plus en plus improbables. Les comédiens excellent dans ce registre tragicomique. Quand la comédie est à ce point maîtrisée, on en redemande.
Teaser : https://www.victorcesca.com/fiction
Emoji flamme
Sélectionnée pour le Nikon Film Festival 2024, cette comédie de deux minutes réalisée par Sara Touboul, comédienne, se distingue par le jeu des actrices et le piquant des dialogues. C’est efficace et jubilatoire.
Le palmarès
– Caleçon rose : grand prix du Jury + prix du public
– Fougère suspecte : prix jeune du Jury
– 59 degrés : prix du Jury
– Debrief de la nuit : prix du Jury
– Fortissimo : prix des 70 ans du Spot MJC Voreppe
Super compte rendu ! Le festival a l’air de proposer une sélection toujours au top !
Oui, surtout depuis qu’ils sont sur Cinéaste.org. Les films affluent, depuis 2 ans.
Il n’y a pas de lien pour visionner « caleçon rose ? »
C’est normal, car le film ne peut pas être mis en ligne tant qu’il continue de concourir dans les festivals. La réalisatrice mettra ensuite son film à la disposition des établissements scolaires.